Vin au féminin

Experte ès vins, Marjorie Bonvin propage sa passion au sein de la maison Henri Badoux depuis dix ans. Elle en est rapidement devenue un «nez» incontournable. Elle nous partage son amour du vin et son expérience en tant que femme caviste. Aparté viticole avec une jeune passionnée qui porte bien son nom.

Par Mina Sidi Ali

– Maître caviste, vous avez débuté très jeune chez Badoux Vins, en 2011. Comment avez-vous atterri au sein de cette grande maison vitivinicole?
Je fais bientôt partie des meubles (rires). Avant cela, je travaillais à la vigne. A côté de mes études, je devais réaliser des stages «vendanges». Lors des vendanges 2009 et 2010, j’ai eu l’opportunité d’œuvrer sur un domaine qui est vinifié par la maison Henri Badoux. Puis ils recherchaient un caviste et j’ai postulé. J’ai été nommée, en 2013, responsable de la vinification de deux de ses caves. En 2014, j’ai obtenu la maîtrise fédérale de caviste. Sur trois femmes en Suisse, je suis la deuxième à l’avoir obtenu en Suisse romande. Ce diplôme m’a ouvert beaucoup de portes dont celle pour laquelle je viens d’être nommée: responsable des vins Henri Badoux. Je vais être en charge de toute la vinification et de la production des vins de la maison. Mon poste a bien évolué! C’est tout ce dont je rêvais. L’entreprise est très dynamique et elle évolue avec les tendances du marché. Je suis très chanceuse de travailler dans une maison centenaire qui produit 18 le vin le plus connu en Suisse, l’Aigle «Les Murailles»!

 

– Comment évolue-t-on dans ce monde très masculin d’ordinaire?
Je suis tombée amoureuse de ce métier en observant mon grand- père. Il produisait son petit tonneau de vin comme tout bon Valaisan. Et durant mes vacances, j’allais l’aider à la vigne. Ce métier me fascinait depuis l’âge de 8 ans et je savais que mon avenir professionnel était dans le domaine du vin. J’ai réalisé dès le départ que le milieu est très masculin et parfois même machiste. C’est un métier physique et difficile, mais j’ai su m’im- poser par ma détermination. Et lorsque j’ai un objectif, j’y mets toute mon énergie pour montrer que j’ai ma place.

– Auriez-vous une anecdote à nous partager?
Quand je travaillais à la vigne et que les collègues masculins voyaient débarquer une petite jeunette de 20 ans, j’avais droit à des réflexions du genre: «Tu n’as rien à faire ici, tu devrais plutôt être dans une cuisine!» C’est davantage une question de génération aussi. Aujourd’hui, les mentalités ont tout de même beaucoup évolué, même si lors des visites de caves, on me prend encore parfois pour la secrétaire (rires)!

– Quels sont les atouts féminins qui vous distinguent dans ce milieu?
Selon moi, les femmes ont un palais et une manière de faire qui est différente. J’ai le sentiment qu’on déguste avec plus de finesse et surtout qu’on est plus minutieuse. On apporte quelque chose en plus à ce métier et c’est de plus en plus reconnu.

– Quelle est votre plus grande satisfaction dans ce métier?
C’est de voir les personnes (clients) avoir des étoiles dans les yeux, qu’elles montrent leurs émotions et du contentement lorsqu’elles dégustent nos vins.

– Pour ce printemps, quel vin nous recommanderiez-vous?
Je vous suggère vivement le Murailles Rosé 2020. C’est un vin très rafraîchissant et qui convient bien à cette période de l’année où l’on commence à sortir sur les terrasses. Il est friand et doté de notes fruitées qui appellent le printemps! On le consomme pour l’apéritif ainsi qu’en gastronomie. Je vous le conseille lors de vos grillades ou accompagné de bouchées salées et en repas, plutôt avec des viandes blanches ou rouges pas trop relevées.

 

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