Saint-Valentin Décryptage d’une tradition aux origines mystérieuses

De la Saint-Valentin, on connaît bien sûr les fleurs, les chocolats, les cartes… Rituel annuel pour certains, événement commercial dénué de charme pour d’autres, la fête des amoureux ravit autant qu’elle irrite. Si la Saint-Valentin est fêtée depuis 1949 en Suisse, que sait-on réellement de son histoire? Petit tour d’horizon d’une célébration aux origines parfois bien peu romantiques…

Les lupercales – ode à la fécondité dites-vous?
Si l’origine exacte de la Saint-Valentin reste incertaine, la plupart des historiens s’accordent à dire qu’elle remonterait à la Rome antique, et plus précisément aux lupercales, des festivités païennes célébrées du 13 au 15 février. A cette occasion, ni cadeaux ni mots doux, mais d’étranges rituels de purification qui se tenaient au pied d’une grotte. Après s’être badigeonnés du sang d’un bouc sacrifié à cet effet, prêtres et jeunes gens, désormais purifiés, s’élançaient dans une course folle à travers les rues des villes. L’objectif? Favoriser la fécondité des femmes en les fouettant à l’aide de lambeaux de peau du pauvre animal… Une technique d’approche imparable à l’époque, paraît-il! En 494, le pape Gélase Ier condamne ces pratiques et instaure deux fêtes chrétiennes afin de célébrer la purification et la fécondité: la Chandeleur et la Saint-Valentin. Mais qui était alors ce Valentin?

Le mythe de Valentin de Terni – des enjeux tout sauf romantiques
Bien que plusieurs saints nommés Valentin soient célébrés le 14 février, le martyr Valentin de Terni reste le plus connu d’entre eux. La légende raconte qu’au IIIe siècle, un homme, dont on ne sait précisément s’il était prêtre ou moine, se plaça en défenseur du mariage contre l’interdiction du roi Claude II le Gothique, persuadé que des hommes mariés faisaient de très mauvais soldats! Continuant secrètement à célébrer les unions chrétiennes, Valentin fut arrêté, mis à la geôle, et finalement exécuté… un 14 février. Ici, l’histoire aurait d’abord servi les intérêts religieux de l’Eglise contre certaines pratiques païennes jugées immorales. Personne ne parle encore de dîners aux chandelles, bouquets de roses ou Cupidon…

Et l’amour dans tout ça?
Il faudra attendre le XIVe siècle en Angleterre et la naissance de l’amour courtois pour voir apparaître les premières coutumes galantes de cette fête, comme l’échange de cartes ou de «billets doux». Fondée sur une vision naturaliste de l’amour selon laquelle les oiseaux commenceraient à roucouler le 14 février, la Saint-Valentin devient alors officiellement la fête des amoureux. C’est également à cette époque que notre Valentin de Terni (oui, encore lui!), à qui l’on prêtera cette fois une idylle avec la fille du roi et un dernier mot d’amour signé «Ton Valentin», sera érigé en saint patron des amoureux. A partir de 1847, la fête prend des allures très commerciales avec l’apparition des premières cartes de vœux produites aux Etats-Unis, que l’on envoie non seulement à l’être aimé, mais également à ses amis.

A vous de jouer!
Que vous préfériez suivre le cycle naturel de vos amours ou que vous soyez au contraire ardemment attachée à la tradition de la Saint-Valentin, force est de constater que les origines de cette fête sont multiples, et souvent bien moins évidentes qu’elles n’y paraissent… Et si ce constat pouvait nous inspirer et constituer une porte ouverte vers de nouvelles interprétations de cette célébration entre fantasmes et fantaisie?


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