Patrimoine vivant

Le Musée suisse en plein air Ballenberg présente «Les potagers historiques de la Suisse»: une façon originale et bucolique de découvrir la culture et l’histoire sociale de la Suisse rurale. La Loterie Romande soutient la publication de l’ouvrage éponyme.

BEATRICE TOBLER, Directrice scientifique
En 2017, nous avons gagné le Prix Schulthess des jardins décerné par Patrimoine suisse. A cette occasion, Dominik Flammer, journaliste et spécialiste de l’histoire des produits du terroir, nous a proposé d’aller plus loin dans l’élaboration de nos jardins en marquant encore plus les différences entre les époques. Il a collaboré à notre nouveau concept et écrit l’ouvrage Les potagers historiques de la Suisse, sorti en avril. Aujourd’hui, nous présentons au public douze jardins, originaires de tous les cantons et de différentes époques, du XVe au XIXe siècle. Nous voulions étonner les visiteurs avec, d’une part, des jardins très simples, celui de choux, ou le jardin du tisserand, qui ne contient que quelques légumes et, d’autre part, des jardins avec des plantes ou des légumes exotiques comme ceux du canton de Genève ou de Vaud, où les huguenots, en exil, ont apporté du Midi de la France les cardons, les artichauts. Nos jardins racontent l’histoire de notre multiculturalisme, ils gardent la trace de l’influence de la France, de l’Italie. Ce qui me fascine aussi, c’est qu’on peut lire les jardins, ce sont des miroirs: «Montre-moi ton jardin, je te dirai ce que tu manges et qui tu es.» Les jardins sont représentatifs des classes sociales, par exemple, les jardins baroques des riches bourgeois. J’aimerais que les visiteurs comprennent que jardiner est un processus, lié aux saisons, puis qu’ils se laissent inspirer, qu’ils découvrent des légumes ou des plantes oubliées et aient envie de les cultiver aujourd’hui chez eux. Mes jardins favoris sont les jardins de Genève et de Vaud, j’aime leur exotisme: la variété des fleurs, des senteurs, les figuiers, les lauriers-roses. Et c’est si beau, quand on se promène à Ballenberg, de voir les maisons et les jardins ensemble.

MARIANNE EGGENSCHWILER, Jardinière
J’ai été très impressionnée par les grandes connaissances de Dominik Flammer et ses recherches approfondies. C’était excitant de collaborer avec lui dans l’élaboration de nos nouveaux jardins. Puis j’ai appris certaines choses en les plantant. Je ne savais pas, en particulier, que les chicorées peuvent être utilisées pour allonger le café. Je connaissais juste leur utilisation comme plante médicinale, d’autant que dans un de nos jardins, les chicorées sont si envahissantes qu’elles passent presque pour de la mauvaise herbe. J’aime que chaque jardin ait son propre caractère. Je prends soin des plantes pour qu’elles poussent en harmonie, fleurs et légumes ont chacun une manière de s’épanouir différente selon l’ensoleillement ou, au contraire, l’ombre. C’est la grande variété des comportements végétaux qui m’inspire. Avec mes collègues jardinières, nous souhaitons transmettre la joie du jardinage à nos visiteurs et nous aimerions les encourager à acheter leurs légumes de façon plus saisonnière et régionale – par exemple à la ferme voisine ou au marché.

Informations:
www.ballenberg.ch


PHOTOS: © SYLVAN MÜLLER