Ouverture sur le monde: Lire pour rencontrer l’autre

 

Se plonger dans un livre et se laisser bercer… Par les mots, les images, les couleurs, les sons. Se demander alors qu’est-ce qui nous permet réellement de comprendre l’autre, sa langue, sa culture. Avec plus de 1000 livres disponibles dans quelque 70 langues, le projet au nom évocateur «Bain de Livres» est une invitation à s’ouvrir au monde. Soutenue par la Loterie Romande, l’association sillonne depuis six ans la Suisse romande à bord de ses deux bus, à la rencontre des enfants des écoles et des foyers de migrants sur les places publiques, pour un moment de découverte et d’échange interculturel.

AUDE MONNAT, Fondatrice et cheffe de projet
Le projet «Bain de Livres» a mis plusieurs années à se concrétiser en tant que tel. À l’origine, il faisait partie d’un programme pilote, porté par la Confédération et les communes du Chablais, dont l’objectif était de repenser l’accueil des migrants et des nouveaux arrivants en Suisse. Dès le départ, mon souhait était de mettre en place un espace qui permette d’aller à la rencontre de ces personnes, dans la rue. Loin de la froideur d’un bureau dont il faut oser pousser la porte, je voulais proposer quelque chose d’accessible et de léger. Et puis un jour, je suis tombée sur un flyer du projet «Né pour lire», qui est traduit dans 12 langues, et que j’ai trouvé génial. C’est eux qui nous ont mis à disposition le premier bus et les premiers livres. Petit à petit, «Bain de Livres» est ainsi devenu un projet à part entière, entièrement dédié à la lecture pour enfant et à la découverte du livre. Notre premier public cible est d’ailleurs l’enfant qui n’aime pas lire! Cela peut paraître surprenant mais c’est véritablement ce qui oriente le choix des livres que nous souhaitons proposer. Le bus est un endroit où les enfants doivent pouvoir non seulement retrouver le plaisir de lire dans leur langue, mais aussi s’ouvrir à un monde qui leur était peut-être inconnu jusqu’alors, ou dont ils se sentaient parfois même exclus. Et bien sûr, il s’agit aussi de faire se rencontrer différentes cultures. Chaque langue représentée au sein du bus est caractérisée par une couleur particulière. Une manière à la fois visuelle et poétique de prendre conscience des influences qui nous traversent et qui font de nous ce que nous sommes.

CHLOÉ DRAGNA, Bibliothécaire et réalisatrice
J’ai tout de suite été inspirée par l’approche inclusive du projet «Bain de Livres». En tant que bibliothécaire, je ne connais que trop bien les limites des institutions, qui s’adressent souvent à un public déjà acquis. Au contraire, le «Bain de Livres» est un espace véritablement ouvert, au sein duquel nous pouvons tisser et cultiver des liens multiculturels grâce aux livres. Ainsi, offrir à une famille tout juste arrivée en Suisse la possibilité de se retrouver autour d’un livre écrit dans sa langue, c’est également rendre cette langue et cette culture accessibles pour les Suisses. Ce partage est absolument fondamental et le bus s’envisage en ce sens comme une passerelle à la fois linguistique et culturelle. Et puis, il y a aussi ce côté «nomade» qui m’a plu. Au quotidien, je me rends parfois à trois endroits différents dans la journée, pour proposer des animations scolaires, des sorties culturelles ou des rencontres dans les foyers de migrants. Si les partenariats avec les écoles et les milieux culturels sont relativement encadrés, les partenariats sociaux s’opèrent d’une manière beaucoup plus libre. On commence par un conte en musique, et puis on accueille ce qui arrive. Afin de maintenir le lien durant la pandémie, nous avons décidé de nous lancer sur la toile. Ainsi sont nées les premières vidéos d’enfants que l’on voit lire quelques passages d’un livre dans leur langue, et une capsule culturelle sous forme de podcasts. Ceux-ci présentent différentes langues qui font la richesse de notre pays, du portugais au suisse-allemand, en passant par l’arabe!

Plus d’informations: www.baindelivres.ch

www.loro.ch/fr/utilite-publique/projets-soutenus