Où patients et chercheurs deviennent partenaires

Lieu de rencontre par excellence, le pôle Agora, réalisé sur le site hospitalier lausannois par la fondation ISREC, accueille près de 300 chercheurs et cliniciens. Ils partagent leurs compétences avec les patients et leurs proches pour avancer vers les thérapies de demain. La Loterie Romande soutient ce projet novateur dont les retombées scientifiques bénéficieront à toute la société.

Manuela Eicher,
Infirmière consultante et professeure associée
J’ai toujours travaillé avec des patientèles confrontées à des défis existentiels, dans le VIH puis en oncologie. Dans ma pratique clinique, j’ai pris conscience que leur prise en charge, aussi complexe que les thérapies, mérite la même rigueur scientifique que celle en vigueur dans les laboratoires de recherche. Aussi avec mon équipe, dans le cadre du pôle Agora, visons-nous à développer des approches de soutien pour apprendre aux patients à vivre avec leur cancer et avec les effets secondaires de leurs traitements et les conséquences de leur maladie. Nous les accompagnons, ainsi que leurs proches, en menant entretiens et observations sur plusieurs mois pour identifier les complexités auxquelles ils sont confrontés, notamment face aux immunothérapies. Quels en sont les effets secondaires? Quelles sont leurs réactions émotionnelles et psychologiques? Quelles sont les répercussions à long terme? Les résultats de cette étude nous permettront de cibler les besoins et de créer des outils d’«éducation au patient» pour lui fournir un soutien adapté. Il ne s’agit pas seulement de l’informer, mais de renforcer sa confiance en sa capacité à devenir acteur de sa prise en charge. Nous le formons pour qu’il soit un expert dans sa maladie, ce qui permettra une interaction renforcée avec les équipes médicales et soignantes. Ici, les patients et leurs proches deviennent de véritables chercheurs, tandis que nous amenons la connaissance sur les soins à un niveau scientifique pour pouvoir encore mieux guider la pratique. En tant qu’infirmière, je vis cet échange comme un privilège énorme!

Catherine Labouchère,
Présidente du conseil de la fondation ISREC
Je travaille depuis plusieurs années dans le domaine de la santé et j’exerce un mandat politique. J’ai rejoint la fondation en 2009. On n’entre pas dans un conseil de ce genre sans un intérêt profond. Le cancer a une prévalence énorme au sein de la population, toutes les familles y sont de près ou de loin confrontées. J’essaie d’apporter ma toute petite pierre à l’édifice. La fondation ISREC met en lien recherche fondamentale et recherche clinique. Avec le pôle Agora, des institutions qui étaient jusque-là séparées physiquement sont réunies. Le bâtiment a été conçu au coeur de la cité comme un lieu d’échange entre technique et médecine pour faire émerger de nouvelles idées. Tout a été pensé pour favoriser les interfaces et l’échange d’informations dans des lieux pratiques, agréables et conviviaux. Puis nous voulons concrétiser les interactions entre les chercheurs, les patients et leurs familles. Ils s’enrichiront mutuellement à travers des rencontres régulières: cafés patients-chercheurs, conférences. Le cancer fait peur. Or, il y a d’immenses progrès, grâce au dépistage, à la prévention et le centre Agora permettra d’ouvrir des voies nouvelles qui amèneront des solutions plus performantes. Nous mettons beaucoup d’espoir dans la médecine prédictive et personnalisée. Il faut briser la bulle, les chercheurs sont des humains comme les autres et les patients, leurs partenaires.

Toutes les informations sur: www.isrec.ch/agora/objectif/