Le chant du violon!

Chanteuse, violoniste, compositrice, Yilian Cañizares a décidément plusieurs cordes à son archet! Primée aux Montreux Jazz Competitions en 2008, l’artiste helvéticocubaine à la voix suave fonde le quartet Ochumare avant d’entamer en 2013 une carrière solo qui mixe ses influences musicales avec beaucoup d’élégance.

Vous êtes d’origine cubaine et avez grandi à La Havane, peut-on dire que la musique est inscrite dans votre ADN?
Sûrement! A Cuba, la musique et la danse font intégralement partie de la vie quotidienne. C’est une chance d’être née dans un pays qui offre un tel héritage.

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec le violon?
J’avais 7 ans. Je chantais déjà dans une chorale d’enfants et voulais aussi jouer du piano. En passant le concours pour intégrer une spécialité musique à l’école, j’ai entendu un violon. J’ai été si touchée que j’ai demandé à passer l’examen pour les deux spécialités. Quand on m’a assigné mon violon, c’était comme si on me confiait un trésor… J’ai toujours une relation très fusionnelle avec cet instrument!

De La Havane à Lausanne, quel a été le chemin?
Il est jalonné de rencontres! A Cuba, c’est José Francisco del Castillo, un maître du violon vénézuélien, qui m’a repérée pour intégrer l’Académie latino-américaine de violon à Caracas. J’avais 16 ans et j’ai dû apprendre très vite à me débrouiller seule, mais le Venezuela offrait des ouvertures incroyables pour moi qui venais d’un pays totalement replié sur lui-même. J’ai ensuite rencontré un professeur de violon suisse qui m’a poussée vers le Conservatoire de Fribourg. Un vrai choc en termes de niveau! J’ai dû beaucoup travailler pour arriver aux normes attendues et plus encore pour obtenir le diplôme de virtuosité.

Qu’est-ce qui a motivé votre parcours, la musique ou la soif de liberté?
Avant tout la musique! J’ai toujours dit «oui» aux opportunités qui se présentaient. C’est vrai que Cuba n’offrait pas la possibilité de réaliser ses rêves, mais quitter les miens a été une déchirure, un sacrifice auquel je devais donner un sens. C’est aussi ce qui m’a poussée à venir à Lausanne et la Suisse m’a donné beaucoup!

Vous avez enregistré deux albums sous votre nom, en quoi sont-ils différents?
Ochumare est un album de transition, une façon de remercier le quartet qui m’a accompagnée, alors qu’Invocación est un album plus mûr, plus personnel et plus identitaire. Il s’appuie sur mes racines et une croyance cubaine qui dit que lorsqu’une personne a compté, son esprit continue de veiller sur vous après la mort. Chaque chanson est un hommage à ceux qui m’ont permis de devenir ce que je suis.

Vous avez une particularité, celle de jouer du violon et de chanter en même temps. Comment faites-vous?
C’est assez rare de pouvoir faire les deux. J’ai dû adapter mon violon pour ne pas avoir à choisir entre le chant et le violon. Pourquoi choisir alors que je suis les deux?


1987: Reçoit son premier violon à 7 ans. «Je dors avec!»

1997: Quitte Cuba pour Caracas. «J’ai des rêves de musique, mais la rupture avec les miens est douloureuse.»

1999: Arrive en Suisse. «Le premier hiver, j’ai cru que je n’allais pas survivre!»

2016: Prépare son 3e album. «Je sais qu’il va en surprendre plus d’un.»

2026: Est devenue une star planétaire. «Je joue à guichets fermés, je partage ma musique avec le monde entier…»

www.yiliancanizares.com