Héritage d’un grand botaniste

Candolle et le Jardin botanique de Genève. Une balade historique et botanique.

Genève, Paris, Montpellier, Genève – l’itinéraire d’Augustin Pyrame de Candolle, botaniste genevois, a été influencé par les répercussions de la Révolution française et le règne de Napoléon à l’aube du XIXe siècle. Le Jardin botanique de Genève a vu le jour quand Candolle y a planté les premiers arbres, en 1817, après une terrible disette due à l’éruption du volcan Tambora en Indonésie. Nous sommes en 1816. Si l’idée de créer un jardin botanique en pleine ville fait secouer la tête à certains, ceux qui aiment la variété des plantes sont convaincus de son utilité. En plus, c’est dans l’esprit du temps suite aux découvertes géographiques et botaniques autour du globe. Le jardin botanique de Candolle est comme un écrin rempli de perles et de bijoux – son jardin regorge de plantes indigènes et exotiques. Candolle veut réorganiser la botanique avec son propre système des familles de plantes. Le naturaliste Carl Linné, qui a été le premier à classer les plantes par leurs organes de procréation, est son précurseur célèbre. Après avoir fait des études de droit au Collège Calvin à Genève, Candolle va à Paris en 1798 pour y suivre des études de botanique, inspiré par Jean-Pierre Etienne Vaucher, son professeur à Genève. Le célèbre René Louiche Desfontaines est son mentor et Candolle y est responsable d’un herbier. Sa carrière commence comme assistant au Collège de France. Il collabore ensuite avec Lamarck à refondre et à publier la Flore française (1803- 1815) et, dès 1806, il est émissaire du gouvernement de Napoléon pour un recensement botanique. La botanique et la grande politique lui ouvrent un vaste horizon sur l’univers des plantes. En 1807, Candolle est professeur de botanique à Montpellier où se trouve le plus ancien jardin botanique de France. Il publie Théorie élémentaire de la botanique en 1813 et développe son système de classification des plantes par familles qui va même détrôner le fameux Carl Linné. Candolle revient à Genève où il occupe la chaire de botanique en 1816. L’idée d’une encyclopédie de toutes les plantes commence à germer. A partir de 1824 et jusqu’en 1873 paraît Prodromus (en français Précurseur) qui compte dix-sept tomes, dont sept de Candolle et les autres de son fils Alphonse. Candolle a conçu son jardin botanique en le structurant par familles de plantes liées par les mêmes caractéristiques. D’abord situé aux Bastions, le jardin a été transféré en 1904 à Chambésy au chemin de l’Impératrice – serait-ce une référence à Joséphine, l’épouse de Napoléon et mécène de la botanique? Visitez ce magnifique jardin. Quand vous vous promenez au milieu des familles végétales, quand vous admirez les rocailles où se retrouvent les plantes des Andes, des Alpes et de la steppe et quand vous allez voir les serres de palmiers et de plantes succulentes, vous comprendrez toute l’ampleur du travail titanesque de la famille Candolle. Et, qui sait, peut-être cette expérience vous donnera-telle envie de créer vous-même un petit univers de plantes. Vous deviendrez ainsi l’artisan de votre propre règne végétal en faisant de la «cosmétique naturelle» avec des arums, des bruyères, des cosmos, des dahlias, des edelweiss, des fuchsias… et des zantedeschias. Qu’est-ce qu’il y a de plus beau?