Culture Livres #72

Fringues, humour et dystopie
Quelles que soient les circonstances, les livres préservent notre sphère de liberté en ouvrant l’esprit au souffle revigorant des émotions, des rêves, de l’humour ou des défis!

À BAS L’ARGENT!
Voilà un slogan qui a le mérite de la clarté: adieu blé, fric, pèze et picaillons, disparition bienvenue des problèmes y relatifs, de la domination et de l’envie, et retour aux fondamentaux. Qui sont… heu…Eh oui, difficile de laisser tomber les écus, ils ont formaté le monde et ne se laissent pas faire – les riches non plus d’ailleurs. Iconoclaste, grinçant et légèrement anarchiste, Vermot tel qu’en lui-même trousse là un ironique thriller d’économie-fiction qui vaut son pesant de fifrelins!
Simon Vermot, Editions du Roc, 2020 , CHF 27.30

MARTA ET ARTHUR
La vie de Marta et Arthur est d’une platitude affligeante, elle obéissante, lui pète-sec, et d’une indifférence aux siens qui empoisonne la vie de la famille. A son décès, Marta semble pourtant triste, comme si elle n’avait pas vu évoluer son amour de jeunesse… Mais pourquoi alors ouvre-t- elle le champagne, comme pour fêter la fin de ces quarante ans d’union? Saisi par la plume subtile mais impitoyable de Katja Schönherr, le couple banalement dysfonctionnel des «Mar’thur» distille une ambiance intrigante, qui pimente de manière inattendu ce roman poignant.
Katja Schönherr, Zoé, 2021, CHF 29.90

LE CALENDRIER DE L’APRÈS
Ironiquement lancé pendant l’Avent, par fragments quotidiennement mis en ligne, Le calendrier de l’Après est une dystopie qui fait froid dans le dos. Vingt ans après un virus qui a pulvérisé l’économie et le fonctionnement socio-politique des pays occidentaux, douze sages (?) chargés de maintenir la séparation entre les être sains – entendez: immunisés – et les malades – dits «inutiles» – assurent le fragile équilibre d’une Suisse romande repliée sur elle-même, et livrée à un certain obscurantisme propice aux exactions. Après? Pas mieux qu’avant, apparemment.
Nicolas Feuz, Slatkine, 2020, CHF 19.–

JUSTICE AU COEUR
L’éditeur Michel Moret, qui a reçu en 2020 le prestigieux Prix de la Fondation Vaudoise pour la Culture, publie les livres qui lui ressemblent. Dans Justice au cœur, le pasteur Théo Buss, qui a transporté son ministère dans toutes les régions du monde où flambe la guerre (colonialiste, civile ou économique), rassemble les nombreuses analyses et réflexions auxquelles l’a conduit son action. Son cruel rapport sur un monde en crise est pourtant illuminé de magnifiques portraits de femmes et d’hommes qui ne baissent pas les bras: le sien, modestement, ne se dessine qu’en filigrane.
Théo Buss, L’Aire, 2020, CHF 36.–

LA ROBE
En cette année qui célèbrera le 50e anniversaire de la mort de Coco Chanel et alors que l’on vient de porter Pierre Cardin en terre, la psychologue et écrivain Catherine Le Goff enfile La Robe pour une virevoltante échappée romanesque qui, au gré des femmes qui portent ce séduisant et mystérieux vêtement, fait défiler un siècle d’événements historiques et de destins féminins adroitement entremêlés. Un roman cousu main qui repositionne avec sensibilité les femmes par rapport à leurs habits: moins superficiel qu’on ne le pense…
Catherine Le Goff, Favre, 2021, CHF 25.–


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