Culture Livres #26

Amours, amitiés, conflits et même violences: les rapports entre hommes et femmes sont au coeur de la littérature, de la poésie et des enquêtes!


La distance de fuite
Malgré son titre, emprunté au règne animal, ce n’est pas l’esquive, mais la liberté de gambader d’un lieu, d’un temps, d’un état d’esprit à un autre que célèbre cette généreuse divagation littéraire. Sans souci de laisser des traces compromettantes, l’écrivain genevoise sème en zigzag des jalons autobiographiques mêlées au vol de critiques littéraires (Ramuz!) et de journal intime, d’amples réflexions et de pense-bêtes pour en lancer d’autres – ou pas. Subtile, l’architecture du projet en préserve la spontanéité, la franchise, l’humour.
De Catherine Safonoff, éd. Zoé, 2017, CHF 28.50

Le voyage à Duino
Embarquer pour Duino sur les traces de Rilke est un pari osé, qu’Éric Masserey relève avec délicatesse et inventivité. Du couple vaguement adultère qui s’offre en Italie trois jours d’escapade amoureuse, il fait des héros pleins de lyrisme et de fantaisie, dont le destin sublimé par l’écriture se fond dans l’évocation du poète. Les raisons de leurs retrouvailles passionnées, placées sous le signe du jeu et de l’onirisme, sont pourtant si urgentes que l’écrivain, leur ayant confié la narration en alternance, n’osera conclure pour eux son roman…
D’Eric Masserey, Bernard Campiche, 2016, CHF 30.–

Le monde est un village
Après deux délicats recueils de poésie, Catherine Fuchs trempe sa plume dans le vitriol pour un roman coup de poing, coup de sang, coup de gueule contre l’habitude très helvétique de transformer la bonne conscience en indifférence aux malheurs du monde. Ceux que causent, par exemple, les multinationales aux pays pauvres dont elles exploitent les richesses, comme l’ONG de Carmen Berger tente de le faire savoir, intrépide petit David contre un si riche Goliath… Avec mesure mais une implacable rigueur, l’auteure décape hypocrisies et abus de pouvoir sur un rythme soutenu!
Collectif, éd. de L’Aire, 2017, CHF 30.–

Le pas de l’éléphant
Torture, viol, immolation, égorgement, les thèmes qui traversent cet étrange roman ne sont pas légers. Ils se développent, surtout, en des temps et des lieux variés, que seul le mal à l’oeuvre semble pouvoir relier. Le fil conducteur est plus solide cependant, et l’inspecteur Werther qui en tient un bout ne le lâchera pas. Son enquête à travers la face sombre de l’Homme n’a rien d’un polar, si ce n’est la méthode, et le style puissant de Pierre Crevoisier se calque sur l’allure de l’éléphant (le pied est lourd mais le pas est fluide) pour mener à leur terme ce tissu de récits profonds, émouvants et perturbants.
De Pierre Crevoisier, Slatkine, 2017, CHF 28.–

Le chaos de la séduction moderne
Formée à la psychologie puis au journalisme, Nathalia Brignoli a perçu un grand désarroi dans les rapports hommes/femmes. Si les uns se sentent déresponsabilisés, dévalorisés, si les autres souffrent la déliquescence des sentiments, à qui la faute? Au féminisme, à l’individualisme, à la mode, à la société de consommation, à Internet? Le bilan de ces rencontres avec des adultes d’aujourd’hui pris dans la tourmente est assez triste: ils semblent moins heureux que leurs parents, et le machisme et l’autoflagellation ont encore de «beaux» jours devant eux.
De Nathalia L. Brignoli, éd. Favre, 2017, CHF 26.–


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